Budget 2025 : Amélie de Montchalin veut faire disparaître un tiers des agences d’État pour sauver quelques milliards (et son fauteuil)

Ah, l’État français ! Ce grand corps obèse qui découvre, avec la candeur d’un nourrisson en plein sevrage, qu’il va peut-être falloir arrêter de multiplier les agences publiques comme des petits pains. Dimanche 27 avril 2025, sur CNews et Europe 1, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a sorti l’artillerie lourde : « d’ici la fin de l’année », un tiers des agences et opérateurs d’État (hors universités, parce qu’on ne rigole pas avec les bastions syndicaux) seront fusionnés ou tout bonnement supprimés. (source : France Info) Objectif : gratter péniblement 2 à 3 milliards d’euros d’économies. 🎯

Un tiers ! Sur les 180 000 agents qui peuplent ces structures, autant dire qu’il va falloir en pousser quelques-uns vers la retraite ou la « fusion douce », cet art délicat de supprimer des postes sans jamais dire le mot interdit : licenciement.

« Moins d’emplois publics à la clé », mais surtout moins de précautions

Amélie de Montchalin, en grande prêtresse du « ménage d’État », affirme que cette cure d’amaigrissement répond à une attente populaire : « Les Français le demandent », assure-t-elle. Il faut dire que dans un pays où les agences se reproduisent plus vite que les lapins de Garenne et coûtent parfois plus cher qu’elles ne rapportent, on pouvait difficilement continuer à ignorer l’éléphant bureaucratique au milieu du salon.

Mais attention : pour ne pas froisser trop d’électeurs avant 2027, la ministre promet que tout se fera sans casse sociale. Oui, oui. Grâce à un cocktail subtil de départs en retraite, de reclassifications gentillettes et de « mises ensemble », expression poétique pour désigner une bonne vieille compression administrative.

Mais… quelles agences, exactement ?

Petite subtilité, et non des moindres : on ne sait toujours pas qui va trinquer. Amélie de Montchalin, aussi floue qu’une promesse électorale sous acide, n’a donné aucun détail précis, sauf à jurer que les universités resteraient intouchables — privilège sans doute réservé à ceux qui savent faire grève efficacement.

On se souvient tout de même que quelques noms avaient circulé début 2025, comme l’Agence Bio, menacée un temps d’extinction avant d’être miraculeusement épargnée grâce à l’intervention d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, et grande prêtresse du « surtout ne faisons rien ».

Pourquoi cette précipitation soudaine ?

Ce n’est pas par amour soudain de l’efficacité. Non, l’État français est surtout pressé par un déficit public abyssal, qui a gentiment atteint 5,8 % du PIB en 2024. Le gouvernement, qui ressemble de plus en plus à un joueur de casino tentant de rattraper ses pertes, espère le ramener à 5,4 % en 2025. Pour cela, il a déjà bricolé un plan d’économies d’une cinquantaine de milliards d’euros, assorti d’un rab de 5 milliards annoncé récemment, parce que, visiblement, les rustines, ça marche aussi pour les budgets publics.

Et après ? 4,6 % de déficit en 2026, nous promet-on, sous réserve que d’ici là il reste encore assez d’agences à sabrer, et suffisamment de Français pour payer.

Les conséquences de cette cure d’austérité masquée

  • Des économies en trompe-l’œil : 2 à 3 milliards d’euros, c’est sympathique sur un plateau télé, mais ridicule face aux 3 200 milliards de dette publique. Autant essayer d’éponger un tsunami avec une éponge Spontex.
  • Un effet domino sur les territoires : la fermeture d’agences locales entraînera inévitablement moins de services publics de proximité. Ce sera sûrement très amusant d’expliquer aux Français qu’ils devront désormais faire 200 kilomètres pour demander un document administratif… en ligne.
  • Des suppressions déguisées d’emplois : même sans « casse sociale » officielle, des milliers de postes risquent de disparaître sous le tapis rouge des départs en retraite non remplacés. Une méthode douce… pour ceux qui aiment la tectonique des plaques dans leur fiche de paie.
  • Un climat social explosif : agents concernés, syndicats et élus locaux risquent de savourer moyennement l’idée de devenir les variables d’ajustement d’une politique budgétaire désespérée. Préparez les banderoles et les pneus à brûler.
  • Un aveu d’échec de l’État stratège : derrière les discours lénifiants sur la simplification, c’est surtout l’énième reconnaissance que la multiplication des agences fut un aveuglement collectif. Plus de structures, plus de coûts, moins de résultats.

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