La Roumanie est au cœur d’un séisme politique avec l’exclusion de Călin Georgescu de la course présidentielle 2024. Ancien technocrate devenu figure de l’ultranationalisme, il incarne à lui seul les tensions entre souveraineté nationale et ingérence étrangère en Europe. Mais qui est vraiment cet homme qui a failli bouleverser l’échiquier politique roumain et qui fais peur à Bruxelles ?
Jeunesse et formation
Né le 26 mars 1962 à Bucarest, Călin Georgescu est issu d’une famille ancrée dans l’administration roumaine. Son père, Scarlat Georgescu, était ingénieur agronome et ancien officier d’artillerie, tandis que sa mère, Aneta Popescu, travaillait au ministère de l’Agriculture. Il suit des études d’agronomie, obtenant un doctorat en pédologie en 1999. (source : Wikipédia)
Vie personnelle
Marié, Călin Georgescu est père de trois fils. Il est également connu pour sa pratique du judo, sport dans lequel il était champion durant sa jeunesse, et pour ses bains réguliers dans l’eau glacée, des activités qui lui ont valu des comparaisons avec le président russe Vladimir Poutine.
Un début de carrière sans vague… ou presque
Georgescu a débuté sa carrière en tant qu’ingénieur agronome à Făgăraș. Son ascension politiaue débute dans les années 1990.
- En 1991, il est devenu chef du bureau sénatorial de l’environnement au Parlement roumain, puis conseiller du ministre de l’Environnement en 1992.
- De 1997 à 1998, il a été secrétaire général du ministère de l’Environnement.
- Il a également dirigé le Centre national pour le développement durable de 2000 à 2013 et a représenté la Roumanie au Programme des Nations unies pour l’environnement.
- Entre 2013 et 2015, il a présidé le Centre européen de recherche du Club de Rome et,
- de 2015 à 2016, il a été directeur exécutif de l’Institut de l’indice mondial de durabilité des Nations Unies.
Un parcours lisse en apparence, mais qui prendra un tournant radical dans les années suivantes.
Parcours politique : virage nationaliste et ambitions politiques
À partir des années 2010, Georgescu adopte un discours de plus en plus critique envers l’Union européenne et les élites politiques. Il se rapproche de cercles souverainistes et devient une figure influente de la droite nationaliste roumaine.
En 2011 et 2012, Georgescu a été pressenti pour le poste de Premier ministre par le Parti démocrate-libéral, propositions qu’il a déclinées. Après les élections parlementaires de 2020, l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) l’a proposé comme Premier ministre, puis comme président d’honneur en 2021. Cependant, l’AUR a pris ses distances après ses déclarations élogieuses envers Ion Antonescu et Corneliu Zelea Codreanu, figures controversées de l’histoire roumaine.
L’onde de choc de la présidentielle 2024
Malgré un départ discret, Georgescu crée la surprise en arrivant en tête du premier tour avec 22,95 % des voix le 24 novembre 2024. Son discours anti-système et ses attaques contre « les élites mondialistes » trouvent un écho chez une partie de l’électorat roumain, déçu par les partis traditionnels.
Mais son ascension fulgurante est stoppée net. Début décembre, plusieurs enquêtes révèlent des soupçons de financement illégal, de cyberattaques orchestrées depuis la Russie et d’une campagne de manipulation des réseaux sociaux en sa faveur.
Face à ces révélations, la Cour constitutionnelle de Roumanie annule le premier tour et exclut Georgescu du second, prévu en mai 2025. Un événement sans précédent dans l’histoire du pays.
Arrestation et contrôle judiciaire
L’affaire ne s’arrête pas là. En février 2025, Călin Georgescu est interpellé par la police et inculpé pour plusieurs infractions, dont : (source : Le monde)
- Fausses déclarations sur ses dépenses de campagne,
- Apologie de crimes de guerre,
- Initiation d’une organisation fasciste.
Il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de :
- Parler dans les médias,
- Utiliser les réseaux sociaux,
- Quitter le pays,
- Porter une arme
Călin Georgescu demeure une figure controversée de la scène politique roumaine, symbolisant les tensions entre souveraineté nationale et influences étrangères dans le contexte européen actuel.
Un cas d’école pour l’Europe
L’exclusion de Georgescu aux présidentielles s’inscrit dans une dynamique plus large où l’Europe oscille entre protection de la démocratie et contrôle politique.
- Pour ses partisans, il est une victime d’un système verrouillé, où l’UE et les élites locales décident à l’avance qui a le droit d’accéder au pouvoir.
- Pour ses détracteurs, sa disqualification était une nécessité face aux ingérences étrangères et aux risques de déstabilisation de la Roumanie.
Cette affaire relance ainsi un débat crucial : à quel moment la protection d’un système démocratique devient-elle une entrave à la liberté d’expression et au choix des électeurs ?