En France, on parle souvent du président de la République, mais beaucoup moins de son bras droit institutionnel : le Premier ministre. Pourtant, à Matignon, se concentre une grande partie du pouvoir exécutif. Alors, à quoi sert vraiment ce poste ? Comment est-il choisi ? Et pourquoi son rôle est-il parfois éclipsé par l’omniprésence présidentielle ? Politicothon décrypte.
Comment est choisi le Premier ministre ?
La Constitution de 1958 est claire : c’est le président de la République qui nomme le Premier ministre. Ce dernier doit en principe être capable de gouverner avec le soutien de l’Assemblée nationale.
- Si le président a une majorité, il choisit librement un fidèle (comme Emmanuel Macron l’a fait avec Élisabeth Borne, Gabriel Attal ou Sébastien Lecornu).
- En cas de « cohabitation » (quand la majorité parlementaire est d’un autre camp), le président est contraint de désigner un Premier ministre issu de cette majorité, comme ce fut le cas avec Jacques Chirac et Lionel Jospin.
Bref, derrière une apparente liberté, c’est souvent l’équilibre des forces politiques qui impose le choix.
À quoi sert le Premier ministre ?
Le Premier ministre est le chef du gouvernement. Son rôle est défini par l’article 21 de la Constitution :
- Diriger l’action du gouvernement : coordonner les ministres, fixer les priorités et assurer la mise en œuvre de la politique décidée par l’exécutif.
- Assurer l’exécution des lois : une fois votées par le Parlement, c’est Matignon qui pilote leur application concrète.
- Pouvoir réglementaire : il signe les décrets et arrêtés qui permettent à l’administration de fonctionner.
- Responsabilité devant l’Assemblée nationale : contrairement au président, il peut être renversé par une motion de censure.
En résumé, le Premier ministre est le véritable « chef d’orchestre » du quotidien politique, même si l’opinion le perçoit souvent comme un simple second du président.
Pourquoi son rôle est-il parfois minimisé ?
La Ve République a été construite autour d’un président fort. Depuis l’instauration du quinquennat et la synchronisation des élections présidentielle et législatives, le président contrôle presque toujours l’Assemblée. Résultat : le Premier ministre est souvent réduit à un rôle de fusible.
- Si une réforme échoue ou qu’une crise sociale explose, c’est lui qui saute, pas le président.
- Les Français parlent davantage de l’« ère Macron » ou de « l’ère Sarkozy » que de « l’ère Raffarin » ou « l’ère Castex ».
Le paradoxe du poste
Le Premier ministre a de larges pouvoirs sur le papier, mais une dépendance politique évidente au président. C’est une fonction à la fois prestigieuse et fragile : tout dépend de la relation avec l’Élysée.
On pourrait presque résumer ainsi : le président décide de la stratégie, le Premier ministre assume la mise en œuvre et encaisse les coups.
FAQ
Qui nomme le Premier ministre ?
Le président de la République, en fonction du rapport de forces à l’Assemblée nationale.
Peut-il être renversé ?
Oui, par une motion de censure votée par la majorité des députés.
Quelle différence avec le président ?
Le président fixe les grandes orientations et représente la France à l’étranger, le Premier ministre gère le quotidien du gouvernement et l’exécution des lois.
Pourquoi change-t-on souvent de Premier ministre ?
Parce que c’est un fusible politique : en cas de crise ou d’impopularité, le président peut le remplacer pour tenter de relancer son quinquennat.