Richard Ferrand : parcours d’un fidèle macroniste entre ascension et controverses

Richard Ferrand, l’un des compagnons de route les plus proches d’Emmanuel Macron, a connu une carrière politique jalonnée de succès mais aussi d’affaires qui ont entaché son image. De journaliste à ministre éphémère, en passant par président de l’Assemblée nationale, son parcours illustre parfaitement les dynamiques du pouvoir sous la Macronie. Retour sur un itinéraire marqué par la fidélité, les manœuvres politiques et quelques casseroles embarrassantes.

Les débuts : du socialisme à En Marche !

Né le 1er juillet 1962 à Rodez, Richard Ferrand grandit loin des cercles parisiens du pouvoir. Après des études de droit et d’allemand, il se lance dans le journalisme avant de rejoindre le Parti socialiste (PS) en 1980. Il gravit les échelons locaux, devenant conseiller général du Finistère en 1998, puis conseiller régional de Bretagne en 2010.

C’est en 2012 que Ferrand fait son entrée à l’Assemblée nationale en tant que député socialiste du Finistère. Il se distingue rapidement en devenant rapporteur général de la loi Macron, un texte taillé sur mesure pour le ministre de l’Économie de l’époque, Emmanuel Macron. Dès lors, une proximité évidente se crée entre les deux hommes, qui ne se quitteront plus.

Lorsque Macron décide de lancer son propre mouvement, En Marche !, Richard Ferrand est l’un des premiers à le rejoindre, devenant même son secrétaire général en 2016. Il quitte officiellement le PS l’année suivante pour se consacrer pleinement à l’aventure macroniste. Son engagement est récompensé en 2017, après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. (source : Assemblée Nationale)

Ministre… mais pas pour longtemps

En mai 2017, Ferrand est nommé ministre de la Cohésion des territoires dans le premier gouvernement d’Édouard Philippe. Un portefeuille stratégique, surtout pour un élu de province, mais son passage au gouvernement sera de courte durée.

Quelques semaines seulement après sa nomination, l’affaire des Mutuelles de Bretagne éclate. Selon des révélations du Canard enchaîné, en 2011, alors qu’il dirigeait cet organisme, Ferrand aurait favorisé sa compagne dans une transaction immobilière douteuse. L’opération, bien que légalement justifiable, soulève des soupçons de conflit d’intérêts. Face à la polémique, Ferrand est contraint de quitter son poste dès juin 2017 pour prendre la présidence du groupe La République en Marche à l’Assemblée nationale. (sources : france24.com et lemonde.fr)

Cette sortie rapide du gouvernement ne marque pas la fin de sa carrière politique, bien au contraire. Ferrand va rebondir en accédant à une fonction encore plus prestigieuse.

Président de l’Assemblée nationale : un pilier du macronisme

En septembre 2018, Richard Ferrand est élu président de l’Assemblée nationale, succédant à François de Rugy. À ce poste, il devient un rouage essentiel du pouvoir macroniste, veillant au bon déroulement des réformes voulues par l’exécutif et défendant bec et ongles les textes du gouvernement face à une opposition de plus en plus remontée.

Malgré les affaires, Ferrand reste un homme incontournable dans le dispositif présidentiel. En 2019, il est mis en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, mais refuse de démissionner. Macron le soutient publiquement, arguant que la présomption d’innocence doit primer. En 2021,  la Cour de cassation libère Richard Ferrand des menaces judiciaires. (source : Le Monde)

2022 : la chute inattendue

Alors que l’élection présidentielle de 2022 reconduit Emmanuel Macron pour un second mandat, Richard Ferrand, lui, subit un échec cinglant. Lors des élections législatives, il est battu dans sa circonscription du Finistère par Mélanie Thomin, candidate de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES).

Cette défaite marque un tournant : Ferrand, l’homme de confiance du président, se retrouve évincé de la scène politique. Il devient ainsi le troisième président sortant de l’Assemblée nationale à ne pas être réélu député, après André Le Troquer en 1958 et Jacques Chaban-Delmas en 1981. (source : Le Monde)

Un retour par la petite porte ?

Depuis sa défaite aux législatives, Richard Ferrand continue de manœuvrer en coulisses. En 2023, lors d’un entretien avec Le Figaro, il est interrogé sur la question : « Regrettez-vous qu’Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter en 2027 ? » Sa réponse ne tarde pas à faire réagir :

La limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats… Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive.

Une déclaration qui déclenche aussitôt un tollé, beaucoup y voyant une remise en cause des principes démocratiques et une dérive autocratique digne des régimes illibéraux.

2025 : une nomination controversée au Conseil constitutionnel

Le 10 février 2025, Emmanuel Macron propose Richard Ferrand pour succéder à Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel. Cette nomination suscite des réactions mitigées, certains y voyant une récompense pour sa loyauté, tandis que d’autres critiquent le choix d’un proche du président pour une institution censée être indépendante.

Conclusion : un destin à rebondissements

Richard Ferrand incarne parfaitement le parcours d’un fidèle du macronisme, passé des bancs de l’Assemblée nationale aux sommets du pouvoir, avant d’en être brutalement éjecté par le suffrage universel. Entre ascension fulgurante, affaires judiciaires et stratégies politiques parfois contestées, il demeure un personnage clé du quinquennat Macron.

Reste à voir s’il réussira à opérer un retour en grâce ou s’il restera un de ces fidèles compagnons de route que l’histoire politique oubliera peu à peu.

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