Lundi 3 février 2025, le gouvernement de François Bayrou a dégainé pas un mais deux 49.3 pour imposer son budget 2025 sans débat, comme il l’avait annoncé. Une tradition bien ancrée sous la Ve République, qui permet de contourner l’Assemblée nationale et d’éviter toute opposition gênante. Mais au-delà du procédé, quelles en sont les conséquences concrètes ? Décryptage détaillé.
Budget 2025 : un équilibre qui pèse lourd sur les citoyens
Ce budget, officiellement conçu pour réduire le déficit public, repose sur une logique implacable : moins de dépenses publiques et plus d’impôts. En chiffres, cela donne :
- 32 milliards d’euros de coupes budgétaires, ciblant des services essentiels. (Le Monde)
- 21 milliards d’euros de hausses d’impôts, qui toucheront entreprises et ménages. Mais pas de retour à l’ISF ! (The Times)
- Hausse de la fiscalité sur l’électricité, entraînant une augmentation directe des factures.
- Moins de financement pour l’éducation, la santé et l’écologie, des secteurs pourtant cruciaux. (AP News)
- Baisse du seuil d’exemption de TVA pour les autoentrepreneurs : dès 25 000 euros de chiffre d’affaires, ils devront désormais facturer la TVA. (source : Le Figaro) Cette mesure a été annulée 2 jours après, sous la pression.
Les conséquences directes sur le quotidien des Français
1. Une facture d’électricité qui flambe et un impact sur tous les prix
Alors que le prix de l’électricité était annoncé à la baisse au 1er février voici que l’accise sur l’électricité pourrait atteindre jusqu’à 50 euros par mégawattheure, soit plus du double du niveau actuel, annulant ainsi toute réduction. (source : Reuters) Cette taxation, censée renflouer les caisses de l’État à hauteur de 3 à 6 milliards d’euros, viendra annuler la baisse des prix de gros de l’électricité.
Conséquence directe : une augmentation des factures d’énergie, touchant en priorité les ménages les plus précaires. Mais ce n’est pas tout. Puisque les entreprises verront également leur coût de production grimper, elles répercuteront cette hausse sur leurs prix de vente.
👉 Alimentation, transports, services… Tout coûtera plus cher.
2. Une transition écologique en pause, un retard qui coûtera cher
Le gouvernement diminue fortement les crédits alloués aux politiques écologiques :
- 2,1 milliards d’euros en moins pour financer les initiatives climatiques. (source : Reporterre)
- 60 % de coupes dans le Fonds vert.
- Moins de soutien aux projets d’énergie renouvelable et de mobilité durable.
D’un côté, sous les contraintes européennes, et même nationales, on nous martèle l’urgence écologique et l’impératif d’adopter des comportements plus verts, mais de l’autre, on réduit les financements qui permettraient justement d’accélérer cette transition.
Moins de soutien aux alternatives énergétiques signifie que le fardeau reposera encore davantage sur les citoyens, sommés de s’adapter sans aide. Et comme souvent, ce retard se traduira par des coûts bien plus élevés à long terme : infrastructures à moderniser en urgence, catastrophes climatiques coûteuses et adaptations rendues encore plus difficiles. Bref, payez maintenant, payez plus tard, mais surtout, continuez d’être écolos !
3. Des services publics en détresse, une qualité en chute libre
Les coupes budgétaires ciblent des secteurs essentiels :
- 1 milliard d’euros en moins pour la rénovation thermique des logements, freinant l’accès à des habitats moins énergivores. (source : Le Monde)
- 1,1 milliard d’euros de baisse dans les remboursements de soins, synonyme d’un reste à charge plus élevé pour les patients. (source : AP News)
- 4 000 postes d’enseignants supprimés, entraînant des classes surchargées et une baisse de la qualité de l’enseignement.
- 6 000 places d’hébergement supprimées pour les demandeurs d’asile, augmentant la pression sur les dispositifs d’accueil.
- Réduction des aides à l’insertion professionnelle des personnes handicapées, compliquant leur accès au marché du travail.
👉 Moins de profs, moins de soignants, moins d’aides : l’État se désengage, et chacun devra payer plus pour compenser.
4. Une pression fiscale accrue, qui va peser sur le pouvoir d’achat
L’État mise sur une augmentation de la fiscalité pour compenser ses coupes :
- Le prélèvement forfaitaire unique passe de 30 % à 33 % sur les revenus du capital. En clair, si vous avez des intérêts, des dividendes ou des plus-values immobilières, vous serez un peu plus taxé. Ce prélèvement, qui devait à l’origine simplifier et alléger l’impôt sur le capital, devient donc plus coûteux pour les investisseur (source : The Times)
- Une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. L’idée ? Leur faire payer davantage. Mais soyons réalistes : elles risquent d’augmenter leurs prix ou de couper dans leurs effectifs pour compenser.
- Nouvelle taxation sur les rachats d’actions. Certaines entreprises préfèrent racheter leurs actions plutôt que d’investir ou d’augmenter les salaires. Une taxe supplémentaire pourrait les dissuader et encourager une meilleure répartition des bénéfices.
- Renforcement de l’« exit tax » pour limiter l’exil fiscal. L’objectif est d’éviter que les plus riches fuient à l’étranger pour échapper à l’impôt. Mais cela pourrait aussi dissuader certains entrepreneurs étrangers d’investir en France.
Le problème ? Ces hausses ne touchent pas uniquement les riches. En augmentant les impôts des entreprises, on impacte leur rentabilité. Pour maintenir leurs marges, elles augmenteront les prix ou licencieront du personnel.
👉 Résultat : des hausses de prix et un marché de l’emploi plus tendu.
Un avenir incertain pour les Français
Entre l’augmentation du coût de la vie, la réduction des services publics et une pression fiscale accrue, les ménages français risquent de sentir passer cette réforme. Avec un climat social déjà tendu, difficile de ne pas voir dans ce budget une nouvelle étincelle susceptible d’attiser la contestation.
Alors, qui va vraiment payer les pots cassés ? Le citoyens, bien sûr. Mais rassurez-vous, tout est sous contrôle… du gouvernement.