L’Union européenne gronde (mollement) la Hongrie pour sa politique anti-LGBT+ : déclaration ferme, sanctions molles et divisions profondes

Ce 27 mai 2025, dix-sept États membres de l’Union européenne, dont la France, l’Allemagne, les pays nordiques et baltes, ont publié une condamnation commune de la Hongrie. Motif : une nouvelle loi votée à Budapest qui interdit les rassemblements publics supposés « promouvoir l’homosexualité ou le changement de sexe auprès des mineurs ». (source : Toute l’Europe)

Une législation qui, en d’autres termes, transforme toute marche des fiertés ou atelier de sensibilisation en délit moral d’État. Mais attention : l’Union a parlé. Et quand l’Union parle, Viktor Orbán écoute… ou rigole, c’est selon.

Une déclaration « ferme »… dans la forme

Lors du Conseil des affaires générales du 27 mai, les dix-sept États signataires ont appelé la Commission européenne à « utiliser tous les instruments à sa disposition ». Une formule élégante pour dire qu’il faut envisager peut-être un jour de mettre un peu plus de pression, si cela n’embête pas trop certains États membres. On parle ici de fonds gelés, procédures d’infraction, voire même article 7. Mais soyons honnêtes : l’arsenal juridique européen fait surtout peur dans les colloques.

La Commission a déjà suspendu 18 milliards d’euros de fonds européens à la Hongrie pour atteinte à l’État de droit. Le problème ? Ce montant n’a pas empêché Orbán de redoubler d’audace, convaincu que Bruxelles est à la fois trop lente, trop divisée… et surtout trop soucieuse de ne pas froisser les électeurs nationalistes.

Une fracture de plus dans l’Union, et pas des moindres

Ce nouvel épisode révèle encore une fois l’état de schizophrénie politique de l’UE. D’un côté, les pays qui défendent les droits humains, parfois jusqu’à la naïveté. De l’autre, ceux qui, sous couvert de « valeurs familiales », instrumentalisent la question LGBT+ pour consolider un pouvoir autoritaire, sur fond d’euroscepticisme et de rhétorique religieuse.

Entre les deux, une Commission tétanisée, et un Conseil européen incapable d’agir à l’unanimité, l’article 7 nécessitant une unanimité qui n’arrive… jamais. Cet article, surnommé « l’arme nucléaire de l’Union », permet de suspendre les droits de vote d’un État membre en cas de violation grave des valeurs européennes. Mais comme dans tout bon scénario de dissuasion, il est surtout brandi… rarement activé.

Les conséquences : un précédent dangereux pour l’Europe des droits

Ce type de législation, si elle reste impunie, ouvre la voie à un effet domino. La Pologne, déjà tentée par des zones « sans idéologie LGBT », pourrait s’en inspirer. La Slovaquie, après sa récente radicalisation, semble aussi prête à explorer ces eaux troubles. Et dans les pays où l’extrême droite progresse, le silence de Bruxelles est une bénédiction.

À terme, cela affaiblit le pilier des valeurs communes, censé être le cœur du projet européen. On imagine mal comment justifier la défense des droits en Turquie, au Maroc ou en Géorgie, quand l’Union peine à les garantir en interne.

Vers une politisation accrue des droits humains

Ce bras de fer arrive à un moment charnière. Les élections européennes de 2024 ont laissé des lignes de fracture profondes au sein de l’Union, et les clivages continuent de s’aiguiser à l’échelle nationale. Les partis conservateurs comme progressistes affûtent déjà leurs armes pour les scrutins à venir.
L’affaire hongroise servira d’étendard pour les uns, qui dénoncent une Europe trop laxiste ; et de bouc émissaire pour les autres, qui brandissent le spectre d’une « idéologie LGBT imposée depuis Bruxelles ».

Ironie de l’histoire : les droits fondamentaux, censés unir, deviennent des munitions électorales. À croire que certains les préfèrent explosifs que solides.

En résumé

L’Union européenne a encore haussé le ton… sans changer de posture. La Hongrie continue de gratter les valeurs démocratiques comme un vieux ticket de caisse, espérant qu’il reste quelques euros au fond. Et Bruxelles, elle, oscille entre indignation de principe et realpolitik assumée. Un numéro d’équilibriste de plus, sur le fil d’une corde de plus en plus usée.

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