Le 1er juillet 2025, la motion de censure déposée par le Parti socialiste contre le gouvernement Bayrou a été rejetée par l’Assemblée nationale. Motif officiel : l’échec du conclave sur les retraites, cette grande messe du dialogue social promise à tous les syndicats et censée déboucher sur un compromis… mais qui a surtout accouché d’un flou.
Le vote aurait pu être un test pour la majorité centriste. Il fut surtout un révélateur d’alignements étrangement silencieux : 189 voix pour, loin des 289 nécessaires. Et un Rassemblement national… en retrait volontaire.
Les retraites, ce sujet qu’on évite à tout prix
Le « conclave » voulu par François Bayrou devait remettre à plat les paramètres de la réforme des retraites : pénibilité, carrières longues, âge de départ. Et surtout, il avait pour promesse fondatrice que le Parlement aurait le dernier mot.
Problème : aucune décision n’a été prise, aucun texte n’est sorti, et l’idée de rediscuter des 64 ans semble s’être envolée comme un tract électoral après scrutin. Résultat : pour le PS, c’est clair, Bayrou a trahi ses engagements. Et la motion devient une façon de marquer politiquement le coup, même si les dés sont pipés d’avance.
Le RN s’abstient… mais garde sa cartouche pour le budget 2026
La vraie manœuvre politique vient du Rassemblement national, qui a choisi l’abstention, tout en annonçant qu’il se réserve pour une éventuelle motion de censure à l’automne. Et pour cause : le gouvernement devra alors faire passer un budget 2026 intégrant 40 milliards d’euros de coupes, un plan d’austérité qui, sur le papier, a tout pour réveiller les tensions sociales.
Jordan Bardella et Marine Le Pen jouent donc la montre : pas de soutien à une motion de gauche aujourd’hui, mais peut-être un coup décisif demain, si le budget est jugé antisocial.
Mais dans l’intervalle, leur silence sur les retraites pourrait bien être perçu comme une absence de combat sur un thème crucial pour leur électorat populaire.
LR en observation, la gauche à l’offensive, Bayrou en apesanteur
Les Républicains, eux, ont choisi la prudence. Pas de vote, pas de soutien, pas d’avis tranché. Une stratégie de repli stratégique qu’on appelle aussi « la disparition calculée ».
Côté gauche, PS et LFI ont voté la motion, cherchant à reprendre la main sur le terrain social. Mais sans alliance avec le RN, la tentative était vouée à échouer.
Quant à François Bayrou ? Il s’est félicité d’un « rejet clair », oubliant que 189 députés l’ont quand même censuré. Le style Bayrou : sourire flou, cap incertain, et discours apaisé en toute circonstance, même lorsqu’il s’agit de ne rien décider.
Les vraies conséquences de cette non-censure
🔹 Pour Bayrou : Il garde son fauteuil, mais perd encore en crédibilité politique. Après l’échec du conclave, sa parole s’effrite. L’automne budgétaire pourrait être sa vraie épreuve.
🔹 Pour le PS : Gagne en lisibilité. Même sans résultat immédiat, cette motion permet de rappeler que la gauche peut encore taper du poing sur la table… même si elle n’a plus la table.
🔹 Pour le RN : L’abstention stratégique est un pari. En ne votant pas contre Bayrou sur les retraites, ils risquent de perdre leur posture d’opposition sociale. La promesse de « faire tomber le gouvernement sur le budget » devra être tenue.
🔹 Pour les Français : Encore une preuve que la démocratie parlementaire actuelle se vit comme une série Netflix : beaucoup d’épisodes, peu de résolutions.
Prochain épisode : le budget 2026
📌 Enjeu | 🧨 Risque politique |
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Budget de l’État 2026 | 40 milliards d’euros de coupes à faire passer à l’automne. Un terreau parfait pour une motion commune PS-RN ? |
Réforme des retraites | Absente pour l’instant, mais peut ressurgir. Si Bayrou la relance sans consensus, la crise politique s’intensifie. |
RN face à ses électeurs | Abstention sur les retraites = prudence ou trahison ? Les classes populaires attendent un geste clair. |
Conclusion : une motion enterrée, mais une colère en gestation
La motion de censure socialiste n’a pas renversé le gouvernement, mais elle révèle les lignes de tension à venir. François Bayrou reste en place, mais l’autorité s’érode. Le RN joue la stratégie longue, mais risque d’y laisser des plumes. La gauche se refait une santé sur les retraites, mais reste sans levier institutionnel.
Et pendant ce temps, les Français attendent qu’un jour, enfin, on vote pour eux — et pas entre eux.