À un an de la présidentielle, le Rassemblement National prépare son plan B. Et cette fois, ce n’est pas une hypothèse de guerre civile, mais bien de succession. Marine Le Pen, potentiellement inéligible pour cinq ans, s’apprête à transmettre le flambeau à Jordan Bardella dès septembre 2026. La dynastie continue, mais avec un léger parfum de justice pénale dans l’air.
Le timing est millimétré, presque trop beau pour être vrai. D’un côté, une candidate historique, triple finaliste de la présidentielle, empêtrée dans une affaire d’emplois fictifs au Parlement européen. De l’autre, son dauphin médiatique, Jordan Bardella, qui n’attendait qu’un signal pour chausser les bottes du chef.
Selon Franceinfo, citant plusieurs membres de l’entourage de Marine Le Pen, cette dernière serait prête à passer la main en septembre 2026, soit sept mois avant l’échéance présidentielle. Cette date ne sort pas de nulle part : c’est celle du Congrès prévu pour renouveler les instances du RN. Coïncidence, bien sûr. Une coïncidence tellement pratique qu’elle servira aussi à officialiser la candidature de Bardella si la peine est confirmée en appel.
Car, rappelons-le, Marine Le Pen a été condamnée le 31 mars 2025. Une affaire dont elle se défend avec l’indignation solennelle qui sied aux martyrs de la République : « Cette décision a foulé aux pieds mon peuple, mon pays et mon honneur. » On n’est pas loin de Jeanne d’Arc version contemporaine, sans les flammes mais avec une cour d’appel.
Un passage de témoin… sans surprise
Depuis des années, Jordan Bardella est formé, exposé, marketé comme le successeur naturel. Certains le voyaient même candidat dès 2027, Marine Le Pen se retirant en lui laissant la place propre. Il semble que la justice ait un peu bousculé le calendrier. Mais qu’importe, le parti est rodé : le Congrès de septembre 2026 fera office de couronnement.
Si la Cour de cassation devait un jour infirmer la décision d’appel, pas de panique : Bardella n’est pas là pour la figuration. Et si dissolution de l’Assemblée il y avait, il est même prévu qu’il se présente aux législatives pour remplacer Le Pen dans l’hémicycle. Comme quoi, on ne manque pas de scénarios de secours chez les stratèges du RN.
Le storytelling RN : entre dynastie assumée et victime du système
Ce qui frappe, c’est la manière dont le Rassemblement National manie sa communication. D’un côté, un discours victimaire : Marine Le Pen, accusée injustement, persécutée par la justice française, symbolise une France trahie par ses élites. De l’autre, une mécanique d’appareil bien huilée, avec un Bardella prêt à prendre la relève sans accroc.
Le message est clair : quoi qu’il arrive, la maison Le Pen reste debout, même si elle change d’enseigne.
Ce que cela signifie vraiment
- Le RN prépare activement la présidentielle 2027, avec ou sans Marine Le Pen.
- Jordan Bardella pourrait devenir le candidat dès septembre 2026, au Congrès du parti.
- Le discours victimaire autour de l’inéligibilité sert à mobiliser la base électorale.
- Une condamnation en appel serait un tournant historique : ce serait la fin juridique du parcours présidentiel de Marine Le Pen, mais peut-être pas la fin politique.
- En coulisses, la succession dynastique semble déjà actée, preuve que la Ve République n’a rien à envier aux monarchies européennes.