5 milliards de coupes budgétaires : Amélie de Montchalin taille dans le dur… pendant que l’État évite soigneusement de se réformer

Derrière la réduction annoncée de 5 milliards d’euros, le gouvernement habille une cure d’austérité en stratégie responsable. (source : Le Dauphiné) Mais ce sont, encore une fois, les mêmes qui vont trinquer.

Telle une chirurgienne sans anesthésie, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a annoncé une nouvelle saignée de 5 milliards d’euros dans les dépenses publiques, pour tenir le cap budgétaire fixé par Bercy et transmis avec amour à Bruxelles. L’objectif ? Ramener le déficit à 3 % en 2029, comme si la France s’apprêtait à concourir aux JO de la vertu financière. Petit détail : on part de 5,4 % cette année, et avec une croissance de 0,5 % selon l’OFCE, autant dire qu’on attaque l’Everest en tongs.

Le prétexte : rassurer la Commission européenne

Le « plan structurel à moyen terme 2025-2029 » a été rédigé, tamponné, parfumé à l’austérité propre, et envoyé à Bruxelles pour montrer qu’on est sérieux. Mais sérieux avec qui ? Les hôpitaux surchargés ? Les écoles délabrées ? Les communes asphyxiées ? Ah non, eux devront faire avec moins, car ce plan ne concerne pas une réforme de l’État en profondeur ou une chasse réelle aux niches fiscales opaques. Non, il s’agit d’un simple exercice de réduction mécanique de la dépense, comme s’il suffisait de couper pour guérir.

Montchalin justifie cette politique par la phrase préférée des technocrates : « faire face à un monde instable ». C’est pratique, le monde est toujours instable, donc on peut toujours justifier une coupe. Et si demain le monde devenait stable ? Oh, on trouverait bien une autre excuse pour raboter encore.

Conséquences concrètes : plus d’économies, moins de services

Cette réduction budgétaire va bien sûr impacter les services publics, puisque les dépenses de fonctionnement sont les plus faciles à cibler. Déjà que les collectivités locales alertent sur leur incapacité à maintenir les bibliothèques, les transports scolaires ou les maisons de santé, elles peuvent désormais prévoir un plan de survie façon Koh-Lanta.

La santé ? Elle est déjà exsangue, mais bon, quelques milliards en moins et les services d’urgences apprendront à faire des diagnostics par télépathie.
L’éducation ? Elle est déjà sous-dotée, mais on compensera par de la bienveillance institutionnelle et un PowerPoint « inspirant ».
Les aides sociales ? Trop coûteuses, dit-on. Il faut « responsabiliser » les Français. Traduction : débrouillez-vous.

Et pendant ce temps-là… toujours pas de coupes dans les gabegies

Les agences de conseil ? Toujours là. Les hauts commissariats en triple exemplaire ? Intouchables. Le nombre de strates administratives ? Inchangé. Les exonérations fiscales qui profitent aux plus grandes entreprises ? Maintenues.

Pas un mot sur le train de vie de l’État, ni sur les dépenses de prestige, ni sur la fraude sociale et fiscale à grande échelle. On préfère s’acharner sur les dépenses visibles, celles qui permettent encore de maintenir un semblant de service public.

Une logique imposée par Bruxelles… ou bien volontaire ?

Évidemment, l’envoi du plan à la Commission européenne est là pour montrer qu’on est un bon élève. Mais il est aussi un aveu : la France ne contrôle plus vraiment sa politique budgétaire. La logique de réduction constante de la dépense s’est imposée comme une idéologie, indépendamment de la conjoncture. Et quand la croissance est faible, comme aujourd’hui, ces choix deviennent carrément suicidaires.

Même Patrick Martin, président du Medef, s’en inquiète. Non pas par amour des services publics, mais parce que les produits invendus des marchés internationaux risquent de déferler sur l’Europe, tirant les prix vers le bas. La déflation, cette grande menace silencieuse, pourrait faire plus de dégâts que l’inflation.

Réunion à Bercy : « dialogue » ou mise en scène  ?

Mardi, les représentants de l’État, de la protection sociale et des collectivités locales sont convoqués à Bercy pour une réunion jugée « décisive ». En réalité, chacun viendra avec une liste de doléances, et repartira avec un tableau Excel imposé. Il faut « faire des efforts », mais pas les mêmes pour tout le monde. L’État central décide, les autres exécutent.

En résumé : un plan de rigueur qui ne dit pas son nom

Cette réduction de 5 milliards, c’est moins d’État là où il est utile, et autant d’État là où il est inutile. On coupe dans les dépenses visibles, on épargne les cercles de pouvoir, et on explique tout ça avec des mots rassurants : maîtrise, sérieux, trajectoire.

Mais derrière cette rhétorique se cache une vérité simple : les services publics vont s’affaiblir encore un peu plus, et les inégalités se creuser.

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