Et si le Fonds monétaire international débarquait bientôt à Paris, non pas pour un colloque feutré mais pour mettre la France sous tutelle ? Non, ce n’est pas le scénario d’un thriller géopolitique dystopique, mais bien l’alerte – à peine voilée – lancée par Éric Lombard, le ministre de l’Économie. (source : La Tribune) Car à force de jouer avec le feu budgétaire, Bercy commence à sentir sérieusement l’odeur de la fumée… et des marshmallows grillés par les créanciers.
67 milliards d’intérêts : la douloureuse qui pique plus que l’inflation
La France devra verser 67 milliards d’euros d’intérêts sur sa dette rien que pour 2025. Un chiffre qui dépasse le budget de l’Éducation nationale (88 milliards), frôle celui de la Défense (59 milliards) et commence à concurrencer la patience des contribuables. Pour rappel, la dette publique totale dépasse les 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du PIB. Et selon le ministre, le seuil des 100 milliards de déficit annuel pourrait être atteint « plus vite que prévu ». Autrement dit : plus vite que notre capacité à faire semblant que tout va bien.
Une souveraineté sous perfusion… à taux variable
Avec une note française AA− placée sous perspective négative par Standard & Poor’s, les marchés commencent à lever un sourcil. Et quand le marché lève un sourcil, les taux montent. Et quand les taux montent, la dette explose. Et quand la dette explose… eh bien, on appelle le FMI.
Et c’est bien ce que redoute Lombard : une perte d’indépendance financière qui ouvrirait la voie à une supervision externe, voire à une « mise sous tutelle ». Traduction : comme la Grèce en 2011, mais sans les plages ni l’huile d’olive pour adoucir le coup.
Le retour des hommes en costume gris (mais sans budget social)
La France, qui se targuait autrefois d’être le moteur social de l’Europe, pourrait bientôt se retrouver à recevoir les recommandations musclées du FMI, accompagné de ses classiques : privatisations, coupes budgétaires, austérité heureuse et croissance en pointillés.
Les conséquences ? On les connaît :
- Gel ou réduction des dépenses sociales ;
- Privatisation de certains services publics « non stratégiques » (rien n’est jamais trop stratégique, une fois endetté…) ;
- Hausse des impôts indirects (la TVA aime tout le monde, riche ou pauvre) ;
- Et surtout : une mise à l’écart progressive du pouvoir de décision nationale sur la politique budgétaire.
Une bombe politique à fragmentation multiple
Car au-delà des chiffres, cette crise budgétaire ouvre une crise politique profonde. Quelles marges de manœuvre reste-t-il à un gouvernement quand chaque euro dépensé est conditionné par le bon vouloir des marchés ? Comment mener une politique souveraine, écologique, sociale ou même vaguement électorale… quand la première dépense de l’État sert à rassurer Moody’s ?
La question n’est plus « si » la souveraineté budgétaire française est menacée, mais à quel degré elle sera amputée.
Qui a creusé ce trou (et qui y tombera) ?
Ironie de l’histoire, ce sont les gouvernements successifs, souvent les plus donneurs de leçons, qui ont contribué à cette situation par :
- des baisses massives d’impôts sans contreparties,
- des dépenses structurelles non maîtrisées (coucou les retraites !),
- et un refus chronique de réformes fiscales structurelles.
Mais, comme toujours, ce sont les citoyens qui paieront la facture, pendant que les mêmes responsables politiques continueront de disserter sur la rigueur… depuis leurs plateaux TV.
En résumé ?
La mise sous tutelle du FMI n’est plus une chimère d’économistes angoissés : elle devient un scénario crédible dans un pays où la dette croît plus vite que le courage politique. À force de repousser l’inévitable, la France pourrait finir sous assistance respiratoire monétaire, surveillée de près par des institutions internationales qui ont fait de la rigueur une religion.
Bienvenue dans la start-up nation, version dépôt de bilan.