« L’école est un sanctuaire. Enfin… normalement. » Ce dimanche 25 mai 2025, Élisabeth Borne était l’invitée de BFM Politique pour répondre à une question simple : quand est-ce que la violence scolaire va enfin s’arrêter ? Spoiler : elle ne sait pas. Mais elle est déterminée. C’est déjà ça.
Dans un climat de peur ordinaire, entre portes dégondées jetées du 4e étage, enseignants roués de coups, adolescents poignardés, la ministre a aligné un florilège de réponses technocratiques, entre soutien de façade aux enseignants et mobilisation préfectorale. Le tout, avec un calme olympien. Ou une forme avancée de dissociation cognitive, au choix.
Mille fouilles, cent couteaux… et un discours bien affûté
Face à une succession d’actes violents dans les lycées (Évry, Antony, Montgeron…), Élisabeth Borne évoque des « fouilles inopinées » organisées devant les établissements. Plus de 1000 opérations en un mois, assure-t-elle. Résultat : une centaine d’armes blanches retrouvées. Des « petits couteaux », bien sûr. Rien de grave, donc. Juste un mardi ordinaire au collège.
Elle insiste : « la société devient violente, donc l’école l’est aussi. » Une logique implacable, un peu comme dire que si la pluie tombe, autant ne pas ouvrir de parapluie.
Santé mentale et protocoles : quand le mal-être adolescent devient un fichier Excel
La ministre reconnaît aussi la montée des troubles psychiatriques chez les jeunes. Une « assise de la santé scolaire » a été organisée. Et, grande avancée, un protocole de repérage des fragilités psychologiques devrait être généralisé d’ici fin 2025. L’école comme centre médico-social annexe ? Pourquoi pas, à défaut de cours.
Portiques, CLSPD et partenaires : la méthode Lego de la République
Interrogée sur la généralisation des portiques de sécurité à l’école, Élisabeth Borne renvoie la responsabilité aux collectivités locales. Comprenez : pas de budget de l’État, débrouillez-vous. Mais elle promet d’impliquer les maires, les forces de l’ordre, la justice, les conseils locaux de sécurité, les CPE, et même les parents, dans un vaste plan où tout le monde est responsable… sauf le ministère.
L’école infiltrée ? Quand les Frères musulmans s’invitent dans le débat
Point d’orgue de l’interview : le rapport sur l’entrisme islamiste dans la société française. Élisabeth Borne ne nie pas le danger, parle de « projet politique structuré » et promet des contrôles accrus des établissements hors et sous contrat. Mais elle refuse les mesures-chocs proposées par Gabriel Attal, comme l’interdiction du voile avant 15 ans, qu’elle juge probablement inconstitutionnelles et inapplicables.
Bétharram : le silence brisé… mais toujours pas réparé
Borne a également évoqué l’affaire Bétharram et les abus subis dans de nombreux établissements. Elle se félicite d’avoir lancé un plan « Brisons le silence », des questionnaires pour les internes, et 1000 contrôles dans les écoles privées sous contrat. Mieux vaut tard que jamais, mais pour les victimes, l’addition du silence reste salée.
En résumé
Violence, islamisme, laïcité, abus sexuels, santé mentale : l’école française ressemble de plus en plus à un ministère des Affaires désespérées. Et face à tout cela, Élisabeth Borne oppose sa méthode : parler lentement, entourer les mots de précautions, et promettre que tout est en cours. Une grande leçon de gestion politique… de l’impuissance.