Friedrich Merz, ex-banquier et conservateur pur et dur, futur chancelier de l’Allemagne ?

Ancien avocat d’affaires et ex-président de BlackRock Allemagne, Friedrich Merz a longtemps évolué dans l’ombre d’Angela Merkel avant d’être évincé en 2002. Mais loin d’abandonner la politique, il fait un retour spectaculaire en 2022 en prenant la tête de la CDU (Christlich-Demokratische Union Deutschlands, Union chrétienne-démocrate d’Allemagne). Son style plus conservateur et pro-business tranche radicalement avec l’ère Merkel.

Après la victoire de son parti aux élections législatives du 23 février 2025, il est désormais en passe de devenir le prochain chancelier allemand. Son parcours, entre pouvoir et finance, sa rivalité avec Merkel et ses ambiguïtés vis-à-vis de l’AfD (Alternative für Deutschland, parti d’extrême droite) suscitent autant d’admiration que de controverses.

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Une jeunesse entre discipline et ambition

Friedrich Merz voit le jour en 1955 à Brilon, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans une famille de magistrats où l’ordre et la rigueur sont des valeurs essentielles.

Son père, juge, lui inculque très tôt l’importance des institutions et du droit. Il grandit dans une Allemagne de l’Ouest encore marquée par la guerre, où la CDU incarne la stabilité et le renouveau démocratique.

Très studieux, il suit une scolarité rigoureuse au Gymnasium Petrinum, avant d’obtenir son Abitur (équivalent du bac) en 1975.

Conformément à la tradition allemande, il effectue ensuite son service militaire dans l’artillerie de la Bundeswehr, avant d’intégrer l’Université de Bonn, puis celle de Marbourg, où il décroche son diplôme de droit en 1985.

D’abord juge stagiaire, il s’oriente rapidement vers la politique, domaine dans lequel il fera carrière.

Les premiers pas en politique : un conservateur prometteur

Sa carrière politique débute dans les années 1980, lorsqu’il rejoint la Junge Union, l’aile jeunesse de la CDU.

  • 1989 : Élu député européen à seulement 34 ans, il se spécialise dans les affaires économiques et monétaires, une passion qui ne le quittera plus.
  • 1994 : Il entre au Bundestag et grimpe rapidement les échelons. Il devient un défenseur du libéralisme économique et milite pour une politique fiscale plus attractive pour les entreprises.
  • 2000 : Il est nommé président du groupe parlementaire CDU/CSU, devenant ainsi l’un des hommes les plus influents du Bundestag.

Mais en coulisses, un affrontement se prépare…

L’ascension stoppée net par Merkel

En 2002, après la défaite de la CDU face au SPD de Schröder, Angela Merkel prend la tête du groupe CDU/CSU.

Merz est évincé sans ménagement. La raison ? Trop à droite, trop clivant, trop libéral.

Il reste député, mais son influence diminue. Frustré, il comprend que son avenir politique est compromis sous l’ère Merkel.

Une retraite dorée : le virage BlackRock

En 2009, Merz quitte la politique et plonge dans le monde des affaires.

Un ex-politicien devenu businessman : voici ses principaux postes :

  • Avocat d’affaires chez Mayer Brown, où il conseille les multinationales sur la fiscalité.
  • Membre de conseils d’administration chez HSBC, AXA et Commerzbank.
  • Président de BlackRock Allemagne entre 2016 et 2020, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde.

Son image change : il n’est plus un simple politicien conservateur, mais un « homme de la finance ».

Cette reconversion lui vaudra des critiques acerbes lorsqu’il reviendra en politique. Peut-on diriger un pays après avoir dirigé BlackRock ? Ses opposants ne manqueront pas d’alimenter le débat.

Le grand retour : reconstruire la CDU après Merkel

  • 2018 : Merz tente un retour en briguant la présidence de la CDU, après l’annonce du retrait d’Angela Merkel. Il échoue face à Annegret Kramp-Karrenbauer.
  • 2021 : Nouvelle tentative, cette fois contre Armin Laschet. Encore un échec.
  • 2022 : Enfin, la CDU le choisit comme président du parti. La CDU prend un virage plus conservateur.

Son positionnement : conservatisme économique et fermeté migratoire

Merz défend une ligne dure sur plusieurs sujets :

  • Économie : libéralisme assumé, réduction des aides sociales et soutien aux entreprises.
  • Immigration : politique plus stricte, restriction des droits d’asile.
  • Europe : critique des plans de sauvetage de l’UE, défense d’une Allemagne forte et indépendante.

Il se distingue fortement de Merkel, qui avait opté pour une ligne plus centriste et modérée.

Son ambiguïté avec l’AfD : entre rejet et récupération d’électeurs

Merz rejette officiellement toute alliance avec l’AfD, mais…

  • 2023 : Il suggère que des alliances CDU-AfD locales « ne sont pas à exclure », avant de se rétracter sous la pression.
  • 2024 : Il qualifie les électeurs de l’AfD de « petites gens en colère », déclenchant un tollé.

Son discours séduit l’électorat AfD, tout en maintenant une distance stratégique.

Les élections de 2025 : le retour en grâce

Le 23 février 2025, la CDU remporte 28,6 % des voix, devançant largement le SPD.

Mais avec qui gouverner ?

  • FDP ? Trop faible en sièges.
  • Les Verts ? Peu probable vu ses positions anti-écolos.
  • Un gouvernement minoritaire ? Une première en Allemagne.

Polémiques et controverses

BlackRock : le chancelier des lobbies ?

Son passage chez BlackRock alimente les soupçons d’influence de la finance sur la politique.

Un sexisme assumé ?

En 2018, il déclare ne pas être féministe et prône une répartition traditionnelle des rôles.

Un climato-sceptique déguisé ?

Il défend le charbon et le nucléaire, et critique la transition écologique « trop coûteuse ».

L’Allemagne post-Merkel : un tournant conservateur ?

Friedrich Merz incarne un recentrage de la CDU vers un conservatisme assumé, sans basculer vers l’extrême droite.

Sera-t-il l’homme du renouveau ou une simple transition après l’ère Merkel ? Une chose est sûre : la CDU cherche à se redéfinir.

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