Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, vient d’être nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, le cinquième depuis 2022. Une décision qui en dit long : plutôt que d’écouter la rue, l’Élysée choisit la continuité et la loyauté. Mais ce pari pourrait se heurter de plein fouet au mouvement social du 10 septembre, où syndicats, collectifs et citoyens se préparent à un « Bloquons tout » qui s’annonce massif.
Pourquoi Lecornu et pas un autre ?
Lecornu, c’est l’archétype du technicien fidèle. Passé par Les Républicains avant de rallier Macron, il a gravi tous les échelons sans jamais faire de vagues. Ministre des Armées depuis 2022, il a géré la guerre en Ukraine côté français avec un profil de bon soldat, jamais trop exposé, jamais contesté en interne. Bref, l’assurance pour Macron d’avoir à Matignon un allié solide, pas une personnalité qui pourrait lui faire de l’ombre.
Sauf que ce choix ressemble davantage à une manœuvre de survie politique qu’à une réponse aux attentes des Français. Avec à peine 15 % de confiance dans l’opinion, Emmanuel Macron s’enferme dans son cercle de fidèles.
Un choix à contre-courant de l’opinion
La rue réclame du concret : inflation, pouvoir d’achat, hôpitaux qui craquent, retraites, logement… À cela, Macron répond en nommant en urgence un ancien ministre des Armées. Un profil qui symbolise davantage la verticalité et la gestion de crise militaire que la proximité avec les réalités sociales.
Ce décalage risque de renforcer le sentiment que le pouvoir gouverne par inertie, loin du quotidien des citoyens.
Et maintenant, le 10 septembre
C’est là que la nomination de Lecornu prend tout son sens politique. Le 10 septembre, la mobilisation « Bloquons tout » doit réunir syndicats, mouvements citoyens et une large partie de la population excédée par les réformes impopulaires et la flambée des prix.
- Le message envoyé par Macron ? La continuité et la fermeté. Lecornu, ministre des Armées, n’est pas seulement un choix de loyauté : c’est aussi un profil qui rassure l’appareil sécuritaire de l’État.
- Les risques ? Mettre un homme de défense à Matignon à la veille d’un grand mouvement social, c’est envoyer un signal d’autorité plus que de dialogue. Exactement ce qui pourrait galvaniser les contestations plutôt que les apaiser.
Concrètement, cela ne change rien au calendrier du 10 septembre. Mais sur le plan symbolique, cette nomination pourrait servir de catalyseur. Ceux qui hésitaient encore à rejoindre la mobilisation pourraient y voir la preuve qu’Emmanuel Macron n’entend pas changer de cap.
Les conséquences politiques
Avec Lecornu à Matignon, Emmanuel Macron verrouille son gouvernement, mais au prix d’un isolement croissant. Loin de calmer la colère sociale, cette nomination pourrait au contraire accentuer le divorce entre gouvernants et gouvernés.
La vraie inconnue : combien de temps Lecornu pourra-t-il tenir dans ce rôle de fusible ? Car si la mobilisation du 10 septembre prend de l’ampleur, il pourrait être le premier à en payer le prix.