Il est le ministre de l’Économie du gouvernement Bayrou. Il est aussi l’un des hommes les plus fortunés de l’exécutif. Avec plus de 21 millions d’euros de patrimoine déclaré, Éric Lombard incarne une drôle de version de la justice budgétaire : celle qui commence par exiger des efforts… tout en sirotant un verre de Sancerre depuis la terrasse de sa maison parisienne à 6 millions d’euros.
Des débuts bien placés : entre HEC et cabinets ministériels
Né le 16 mai 1958 à Boulogne-Billancourt, Éric Lombard est un pur produit de l’élite française. Diplômé de HEC Paris en 1981, il débute chez Paribas avant de rejoindre, dès 1989, les cabinets ministériels socialistes, notamment celui de Michel Sapin, alors ministre délégué à la Justice puis à l’Économie.
Car oui, Éric Lombard a porté la rose avant de manier le sécateur fiscal.
La grande épopée BNP Paribas & Cardif : l’assurance d’un avenir doré
Lombard grimpe rapidement les échelons de BNP Paribas, en charge des fusions-acquisitions, puis du secteur institutionnel. En 2004, il prend la direction de BNP Paribas Cardif, la filiale assurance du groupe. Il y fera exploser les résultats — et probablement son patrimoine — avant d’être nommé PDG en 2006, poste qu’il occupera jusqu’en 2013.
Une décennie pour transformer une filiale d’assurance en pompe à dividendes.
Le détour par Generali et Europ Assistance
Entre 2013 et 2017, Éric Lombard prend les rênes de Generali France, géant de l’assurance. Résultats en hausse, marges renforcées, comités de pilotage optimisés… Bref, l’homme coche toutes les cases du technocrate performant. Il préside aussi Europ Assistance.
Il est alors courtisé à gauche comme à droite. Et pour cause : en France, la richesse n’est jamais un problème, tant qu’on la revendique avec humilité et un poste de direction.
La consécration : patron de la Caisse des Dépôts, puis ministre de l’Économie
En décembre 2017, Lombard est nommé directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Il y initie la Banque des Territoires, développe les synergies entre CNP Assurances, La Poste et Bpifrance, et gère pas moins de 1 300 milliards d’euros d’actifs.
Mais il lui manquait un trophée : le pouvoir exécutif. Il entre donc au gouvernement Bayrou en décembre 2024, directement à la tête du ministère de l’Économie. Un fauteuil en cuir qu’il connaît bien, et qu’il n’a pas l’intention de partager.
Quand rigueur rime avec voilier
C’est là que les choses deviennent franchement cocasses.
En avril 2025, Éric Lombard appelle à “un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros” demandé aux Français pour rétablir les finances publiques. “Sans exception”, a-t-il précisé, visiblement sans se rendre compte qu’il s’excluait lui-même de cette exigence.
Car dans sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), publiée en juin 2025, on découvre que le ministre possède :
- Une maison de 240 m² à Paris estimée à 6 millions d’euros, avec 400 000 euros de travaux ;
- Une résidence secondaire en Bretagne de 410 m² ;
- Des assurances-vie pour 1,7 million d’euros ;
- Une société familiale (Halmahera) valorisée à 6,8 millions d’euros, dirigée par son épouse ;
- Un voilier à 140 000 euros, pour voguer au large des déficits ;
- Un piano à queue à 45 000 euros, pour faire résonner la sonate de la rigueur ;
- Et une collection d’art de 612 000 euros, parce qu’un bon ministre se doit d’avoir du goût, même en période d’austérité.
Autant dire que le ministre a bien anticipé les coupes budgétaires… mais uniquement sur les autres.
Et maintenant ?
Avec une note souveraine française abaissée (merci Moody’s), un déficit prévu de 53 milliards d’euros en 2025, et un projet de “retour à l’équilibre” qui fleure bon la saignée sociale, Éric Lombard est l’homme de la situation. Mais pour qui ?
Car derrière la façade du ministre efficace se cache une évidence : comment incarner la justice fiscale quand on appartient au 0,1 % ? Comment expliquer aux Français qu’ils devront se serrer la ceinture… quand on ne porte jamais la même cravate deux jours de suite ?
🔎 Foire aux questions
Éric Lombard est-il toujours affilié au Parti socialiste ?
Non. S’il a milité dans sa jeunesse, il est aujourd’hui une figure technocratique au service du pouvoir central, au-delà des étiquettes partisanes.
Son patrimoine est-il illégal ?
Non. Mais politiquement explosif, surtout quand on demande aux classes moyennes de « faire un effort ».
Est-il possible qu’il soit remplacé ?
Peu probable. Un ministre qui sait lire un bilan comptable est trop précieux, surtout en période de rigueur.