Bucarest n’a pas dit son dernier mot. À l’approche de la présidentielle roumaine, George Simion, le trublion nationaliste désormais favori, a lancé un missile verbal en direction d’Emmanuel Macron et de ses homologues européens. Le mot d’ordre ? « Reculez ! » Rien que ça. Et devinez quoi ? C’est peut-être l’Europe qui va devoir prendre ses distances.
George Simion, figure de proue du parti AUR (Alliance pour l’Union des Roumains), a donné le ton d’une campagne qui promet d’être tout sauf tiède. Lors d’un rassemblement où Marion Maréchal elle-même jouait les soutiens de prestige, le candidat nationaliste n’a pas mâché ses mots : « Mon message à Emmanuel Macron est très clair : Reculez ! »
Ce cri du cœur – ou de guerre – intervient dans un climat où les ingérences, réelles ou supposées, de Bruxelles dans les élections nationales agacent de plus en plus dans les pays d’Europe centrale et orientale. La Roumanie, longtemps bon élève de l’Union, semble prête à rendre sa copie… toute barbouillée de souverainisme.
L’Europe, ce grand donneur de leçons (qui perd en popularité)
Ce n’est pas la première fois qu’un candidat à la présidence fustige l’attitude condescendante de certains dirigeants de l’Ouest européen. Mais George Simion pousse le bouchon plus loin : il accuse explicitement l’Union européenne – et ses figures de proue, Emmanuel Macron en tête – de vouloir orienter le vote roumain. Avec l’ombre toujours présente du Pacte Vert, du soutien inconditionnel à l’Ukraine et de la pression sur les réformes judiciaires, la pilule passe de moins en moins.
Simion ne s’en cache pas : il veut un pays libre, souverain, et (cela tombe bien) nationaliste. Son discours est rodé : restauration des valeurs chrétiennes, rejet des diktats européens, refus de l’immigration imposée, et surtout… fin des petites tapes sur la tête venues de Paris ou Bruxelles.
Marion Maréchal : l’alliée (idéale ?) pour internationaliser le clash
À ses côtés, Marion Maréchal n’est pas juste en visite de courtoisie. Elle exporte sa croisade contre « l’État profond européen », tout en relayant en France un soutien à Simion qui parle aux électeurs du Rassemblement National comme à ceux de Reconquête. Car derrière la roumanisation du discours se cache une européanisation du ras-le-bol.
Autrement dit : ce qui se joue à Bucarest a des relents de Strasbourg, de Varsovie, et peut-être même… de Paris 2027.
Les conséquences ? Une fracture à l’Est… mais pas que
- Remise en cause du couple Paris-Bruxelles : si Simion l’emporte, il pourrait remettre en question certains engagements européens, de la politique migratoire à la transition énergétique. L’effet domino serait à craindre pour les institutions déjà fragilisées par les tensions avec la Hongrie ou la Slovaquie.
- Renforcement de l’axe illibéral : avec un allié de plus dans la cour des eurosceptiques, Viktor Orbán et Robert Fico pourraient compter sur un soutien de poids dans les futurs bras de fer avec l’UE.
- Isolement de la France ? Macron, déjà contesté chez lui, pourrait voir son image d’architecte européen écornée. Son interventionnisme diplomatique est de plus en plus perçu comme arrogant, voire colonial, dans les anciennes périphéries de l’Union.
En bref, quand un candidat à la présidence d’un pays membre de l’Union s’adresse à Emmanuel Macron avec la délicatesse d’un CRS en manifs, ce n’est pas un simple excès de langage. C’est le symptôme d’un divorce latent entre deux visions de l’Europe. Et, comme souvent dans un couple en crise, c’est celui qui hurle « Reculez ! » qui finit par claquer la porte…
Sources :
- Le Figaro – Propos de George Simion
- Politico – Le favori roumain à la présidentielle accuse Macron de « tendances dictatoriales »
- Huffpost – George Simion, candidat d’extrême droite roumain, accuse Macron d’avoir des « penchants dictatoriaux
- Politico Europe – Rapport sur l’euroscepticisme en Roumanie, avril 2025