Macron suggère de supprimer le statut de fonctionnaire… puis se fait contredire par son propre ministère : chronique d’un rétro-pédalage présidentiel

Emmanuel Macron en roue libre sur TF1 ? Ce mardi 13 mai, le chef de l’État a semé la confusion en suggérant la suppression du statut de fonctionnaire pour les agents des collectivités et des hôpitaux. (source : Libération) Le lendemain, son propre ministère s’est empressé de le contredire. À ce niveau, ce n’est plus du flou, c’est de la vapeur politique.

Dans la grande émission de télé-présidence sur TF1 baptisée « Les Défis de la France », Emmanuel Macron a une fois de plus confirmé son goût pour l’improvisation en direct. À la question bien orientée d’Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’IFRAP (un think-tank connu pour ses élans néolibéraux), le Président a semblé opiner sur la nécessité de supprimer le statut à vie des agents hospitaliers et territoriaux. Le tout sans trembler, ni visiblement consulter.

Et pourtant, moins de 24 heures plus tard, le ministère de la Fonction publique fait savoir par communiqué qu’« il n’est pas envisagé à ce stade de réforme statutaire ». En langage technocratique : « Non, il a dit ça comme ça, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. »

Bref, un rétropédalage digne du Tour de France.

Les conséquences politiques : un coup pour rien… mais pas sans dégâts

Que retenir de cette nouvelle pirouette présidentielle ? Beaucoup de choses, en réalité :

  • Perte de crédibilité accrue : Le Président affirme, le ministère dément. Encore une fois, Emmanuel Macron donne l’impression de ne pas parler au nom de l’État, mais à titre personnel. Pratique pour esquiver les responsabilités, moins pour gouverner sérieusement.
  • Insécurité institutionnelle : Pour les 4,5 millions d’agents publics concernés, difficile de ne pas sentir un vent de panique. Supprimer leur statut, c’est leur faire perdre la garantie de neutralité, d’indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, et d’égalité d’accès aux services publics pour les citoyens.
  • Réaction syndicale en chaîne : De Solidaires à Sens du service public, les syndicats montent au créneau. Ils rappellent que le statut n’est pas un privilège, mais une protection pour la société elle-même, contre le favoritisme, les pressions politiques et la précarisation de la fonction publique.

Moderniser ou affaiblir ?

Le ministère, dans son habile contorsion, évoque une « modernisation » de la fonction publique. Un terme fourre-tout qui, dans la bouche de nos dirigeants, rime souvent avec réduction de droits, externalisation, précarité et communication creuse.

Quant à l’argument de la dette publique, censé justifier tous les renoncements sociaux ? Les chiffres sont têtus : supprimer le statut des fonctionnaires ne comblera pas le déficit. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Johan Theuret, porte-parole du collectif Sens du service public. Un peu de cohérence dans le storytelling ne ferait pas de mal.

Une stratégie d’évitement

En vérité, ce genre de déclaration sert surtout à tester l’opinion. On lance une idée, on voit si ça passe, puis on se rétracte si ça grogne. La technique du ballon d’essai, bien connue des communicants politiques, permet de préparer le terrain pour de futures réformes, sans trop s’engager.

Et pendant que les agents s’inquiètent, le ministre Laurent Marcangeli, pourtant chef de file d’Horizons, reste silencieux. C’est vrai que défendre les fonctionnaires quand on veut plaire aux patrons, c’est pas facile.

Une réforme impossible ? Pas si vite…

Emmanuel Macron n’a plus de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Donc même si l’envie de « casser du statut » le démange, il lui sera difficile de faire passer une telle mesure sans déclencher un nouveau feu social. Mais avec ce gouvernement, on a appris à ne jamais dire jamais.

En attendant, les agents publics savent à quoi s’en tenir : le Président ne les protège pas. Il les met en danger, même s’il ne peut pas agir dans l’immédiat.

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