Emmanuel Macron critique les psychologues : quand l’année de la santé mentale vire à la psy-farce présidentielle

Durant son marathon verbal ce mardi 13 mai 2025, Emmanuel Macron a été interrogé sur la dégradation de la santé mentale des jeunes Français. (source : BFMTV)L’occasion pour lui de verser une larme — médiatique — sur l’état psychologique de la jeunesse… avant de dégainer une cible bien pratique : les psychologues libéraux. Car si son dispositif « Mon soutien psy » n’a pas trouvé preneur, ce serait moins à cause d’un manque de moyens qu’à cause d’un manque de bonne volonté. En creux, un message limpide : s’ils vous dérangent, accusez-les de ne pas coopérer. Une méthode aussi discrète qu’efficace pour détourner le regard d’un échec gouvernemental.

Mon soutien psy… ou mon soutien pif ?

Rappelons le principe du fameux dispositif : douze séances de psychologue, remboursées à hauteur de 50 € pièce. Une mesure qui aurait presque eu l’air généreuse… si elle n’avait pas été massivement boudée par la profession. Et pour cause : selon le Syndicat national des psychologues, entre 86% et 90% des praticiens refusent d’y adhérer. Une paille.

Mais pour le président, l’échec serait dû à une « psychologie libérale » pas très coopérative, et à une prétendue absence de collaboration avec les psychiatres. Florent Simon, secrétaire général du SNP, s’étouffe dans son divan : « C’est méprisant et complètement à côté de la plaque ». Coopération ? Les psychologues et psychiatres en font depuis les années 60, notamment grâce à la sectorisation. Mais encore faut-il ouvrir un manuel de santé mentale au bon chapitre.

Pourquoi 9 psychologues sur 10 boycottent ?

Très simple : un forfait figé, sous-payé, et une logique comptable qui ignore la réalité des besoins psychologiques. Imaginez aller chez un garagiste avec une voiture en panne moteur, et qu’on vous propose de regarder uniquement les pneus, pendant 12 minutes, 12 fois. À ce tarif-là, les praticiens préfèrent garder leur liberté de pratique… et leur dignité professionnelle.

Le président, lucide à moitié, a d’ailleurs fini par concéder que les psychologues en libéral gagnent mieux sans le dispositif, ce qui, dans sa bouche, semble presque être un reproche. Peut-être faudrait-il s’interroger sur le fait que payer 50 € une séance de psychologue quand un pédiatre perçoit plus pour un acte bien plus court, c’est aussi une question de priorité budgétaire. Mais chuuut. Ne disons pas de mal du sacro-saint budget.

La santé mentale : grande cause ou grande blague ?

Officiellement, 2025 est « l’année de la santé mentale ». Mais dans les faits, cela ressemble davantage à une opération cosmétique qu’à un plan d’action. Comme le résume Florent Simon : « On en a entendu parler, mais il ne s’est rien passé d’autre ». Aucun rendez-vous avec l’Élysée. Aucun dialogue avec Matignon. Aucun échange avec les ministres. Bref, un silence thérapeutique.

Et pendant ce temps-là, les jeunes continuent de sombrer dans l’angoisse, l’anxiété, et la détresse. Mais plutôt que de regarder la lente dégringolade des services publics de santé mentale — fermetures de centres, manque de moyens, pénurie de personnel — Emmanuel Macron préfère faire diversion avec un bon vieux blâme corporatiste. Un classique.

Conclusion : dis-moi qui tu accuses, je te dirai ce que tu veux cacher

Accuser les psychologues d’être responsables de l’échec d’un dispositif mal pensé, mal financé et mal reçu ? C’est un peu comme reprocher à un patient de ne pas aller chez le médecin parce que la salle d’attente est en ruine.

Plutôt que de se remettre en question, le président préfère charger ceux qui, au quotidien, rament pour compenser l’absence d’un vrai service public de santé mentale. L’humilité invoquée sur TF1 aura donc duré exactement trois secondes, le temps d’une pause respiratoire avant la charge.

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