Pendant que Washington décroche, Emmanuel Macron s’autoproclame leader du soutien européen à l’Ukraine face à une Amérique désengagée

Tandis que les États-Unis battent en retraite diplomatique, Emmanuel Macron s’érige en chef de file européen pour maintenir l’effort militaire, économique et politique en faveur de Kiev. Une stratégie aussi ambitieuse que risquée pour la France.

Les Américains renoncent, Macron avance.

Le 1er mai 2025, comme promis par Trump, les États-Unis annonçaient leur retrait des négociations sur le conflit russo-ukrainien. (source : Le figaro) Après avoir signé un accord encourageant sur les minerais avec Kiev le 30 avril, Washington a aussitôt clarifié : « À la Russie et à l’Ukraine de trouver un accord ». Une manière élégante de dire : « Débrouillez-vous sans nous ».

Pendant que Donald Trump se contente d’appels génériques à la paix (entre deux slogans de campagne), Emmanuel Macron enfile le costume de stratège européen. Non sans panache. Et surtout, sans consensus européen.
Dans ce vide laissé par Washington, Paris s’active. Sanctions économiques renforcées contre Moscou, livraisons d’armes accrues, soutien financier à Kiev. Macron joue gros : la paix par la pression, pas par la négociation molle.

L’Europe en ordre dispersé, Macron en solo ?

Alexander Temerko, ex-ministre russe devenu entrepreneur anglo-ukrainien et partisan fervent de l’aide à Kiev, salue cette prise de leadership. Selon lui, il ne peut y avoir de paix durable sans renforcer la position de l’Ukraine. Le simple apaisement serait voué à l’échec face à la stratégie impérialiste de Moscou.
Il oppose deux camps :
– Les activistes américains qui veulent une paix à tout prix, quitte à sacrifier la souveraineté ukrainienne.
– Les réalistes européens qui comprennent qu’il faut affaiblir durablement Moscou pour protéger l’Ukraine.

Macron, sans attendre Berlin ni Bruxelles, se positionne donc en capitaine du « camp réaliste ». Un pari audacieux dans une Europe où les opinions publiques commencent sérieusement à douter de l’engagement militaire à long terme.

Objectif : tenir jusqu’à… l’après-Poutine

Le plan Macron ?

  1. Renforcer Kiev militairement pour résister à court terme.
  2. Étrangler l’économie russe pour forcer Moscou à reculer.
  3. Attendre que le temps fasse son œuvre : avec ses 73 ans, Poutine ne sera pas éternel. Temerko parie sur « l’effondrement naturel du régime » suivi d’une possible réunification ukrainienne, sur le modèle des deux Allemagnes ou des deux Corées. On parie sur la biologie pour résoudre la géopolitique.

Cette stratégie a un nom : la constance par la force, même si elle ressemble parfois à de la politique fiction.

Conséquences pour la France : prestige ou bourbier ?

Derrière les grands principes, les risques pour Paris sont bien réels :
– Financiers : la France va devoir assumer un effort militaire croissant.
– Politiques : si l’Europe fatigue avant Moscou, Macron sera isolé.
– Diplomatiques : en se posant en rival stratégique des États-Unis sur l’Ukraine, la France pourrait s’exposer à des tensions transatlantiques.

Mais Macron ne recule pas. Pour lui, l’Histoire attend un leader et il a décidé que ce serait lui. Avec, en ligne de mire, un prestige international qui pourrait (espère-t-il) peser lourd lors de la prochaine élection présidentielle.

Un pari européen… ou un solo français ?

En endossant ce rôle, Macron redonne à la France une posture de boussole morale et stratégique. Mais le volontarisme solitaire pourrait se heurter à deux murs :
– Le scepticisme des alliés européens, plus enclins à l’attentisme qu’à la bravoure.
– Le ras-le-bol des opinions publiques, déjà lassées des conséquences économiques de la guerre.

Comme souvent avec Macron, le panache précède le pragmatisme.
Reste à savoir si, cette fois, l’audace sera payante. Ou si la France ajoutera un nouveau bourbier à sa collection de « gloires coûteuses ».

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