François Bayrou veut sauver la France du « piège dangereux de la dette »… avec 40 milliards d’économies et une révélation budgétaire avant le 14 juillet : austérité, vous avez dit austérité ?

Un comité d’alerte, un premier ministre alarmiste, et une dette qui devient le nouveau monstre du placard : bienvenue dans la nouvelle pièce du théâtre budgétaire tricolore, signée François Bayrou.

Mardi 15 avril 2025, Paris. Un décor solennel, une table ronde et une obsession gouvernementale : faire croire à un sursaut collectif autour d’un budget 2026 qui doit, à en croire François Bayrou, sauver la France du précipice financier. Le mot d’ordre : 40 milliards d’euros d’économies, sans hausse d’impôt ni recours à l’endettement. Magie ? Non, communication.

Le Premier ministre, qui n’était même pas présent à l’ouverture de ce grand « comité d’alerte sur le budget », a fini par s’exprimer pour pointer du doigt une France qui, selon lui, « ne produit pas assez », « travaille trop peu » et – comble de la surprise – « dépense plus qu’elle ne gagne ». Une révélation renversante, à peine trente ans après les premières alertes.

Mais attention, Bayrou ne veut ni « tronçonner » l’État, ni augmenter les impôts. Il veut juste réduire les dépenses publiques de 6 % d’ici 2029. Avec doigté. Et quelques milliards en plus pour la défense. Parce que quand on veut faire des économies, rien de tel que d’ouvrir le robinet militaire.

Des annonces avant le 14 juillet, pour mieux faire passer les feux du 14 novembre

Le gouvernement veut aller vite. Très vite. À tel point qu’il promet de dévoiler les grandes orientations budgétaires avant le 14 juillet. Sans doute pour profiter de l’ambiance festive afin d’annoncer qu’on va couper dans les dépenses sociales, supprimer des opérateurs publics et s’attaquer aux arrêts maladie.

La méthode ? Un savant mélange de “refondation de l’action publique”, de “vitalité économique” (traduire : cadeaux industriels et simplification administrative), et de “refus du surendettement”. Mais sans toucher aux impôts des plus riches, bien sûr. L’impôt équitable, ce sera pour une autre vie. Ou un autre quinquennat.

Car pour le moment, Bayrou mise tout sur la “coresponsabilité”. Comprenez : “chacun va devoir se serrer la ceinture, sauf ceux qui tiennent la ceinture.”

Une austérité qui ne dit pas son nom… mais que tout le monde reconnaît

La CGT a quitté la salle en dénonçant une simple “opération de communication”. La CFDT a raillé un gouvernement qui “fait son budget avec Excel”. Même la CFE-CGC y a vu un discours “un peu pleurnichard”.

En toile de fond : la volonté de présenter à la Commission européenne un Plan structurel à moyen terme, avec un objectif de déficit réduit à 4,6 % en 2026. Et une croissance rabotée à 0,7 %. Autant dire que l’avenir se conjugue à l’indicatif… morose.

Amélie de Montchalin, en grande prêtresse des comptes publics, propose de supprimer des structures publiques “inutiles”, de revoir les arrêts maladie, et de remettre en cause certaines formes de gratuité. La “gratuité qui déresponsabilise”, selon elle. Une vision du service public aussi moderne qu’un minitel.

Pendant ce temps, le patronat respire… et les citoyens se préparent à l’effort… ou pas

Car bien sûr, les entreprises seront épargnées. Pas question d’augmenter leurs charges ou leurs impôts. Le gouvernement préfère l’élégance de l’effort collectif, où chacun participe… sauf ceux qui profitent.

Le message est limpide : la dette est un piège, mais le gouvernement tient les ciseaux. Et si les Français ne veulent pas finir pris dans les mailles du filet budgétaire, ils devront applaudir les coupes. Avec enthousiasme si possible.

Le budget 2026 s’annonce donc comme une grande fresque d’austérité joyeuse, maquillée en exercice de responsabilité républicaine. Et François Bayrou, en chef d’orchestre du redressement, espère éviter la censure parlementaire comme on évite une mauvaise note de la Commission européenne : avec de jolies promesses et un calendrier bien calé sur les festivités nationales.

Sources :

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