François Bayrou renonce (une nouvelle fois) à la présidentielle : vers la fin d’un mirage politique de 20 ans ?

François Bayrou aurait, selon ses propres mots, renoncé à la tentation élyséenne. Une phrase qui résonne comme une profession de foi tardive pour celui qui, depuis plus de deux décennies, a incarné l’image du candidat « sage », toujours prêt, jamais élu. Mais cette fois, si l’on en croit l’éditorial du Monde, son destin pourrait bien se jouer rapidement, coincé entre la pression de l’Élysée, l’impatience du Parlement et l’effritement de son propre camp politique.

À Matignon depuis près de quatre mois, Bayrou donne l’impression d’un homme en apesanteur, suspendu entre deux temporalités : celle de la pédagogie lente — expliquer encore, toujours — et celle, brutale, des impératifs politiques qui réclament des décisions concrètes. Face à lui, un pays surendetté, une Europe sous choc trumpiste, et un exécutif qui commence à perdre patience.

Un premier ministre sans cap visible, dans un moment de bascule politique

Alors que l’ancien centriste dresse un tableau apocalyptique de l’économie mondiale — Trump, les droits de douane, la récession — il n’annonce… rien. Pas une mesure phare, pas une orientation claire. Un immobilisme qui tranche avec l’activisme de ses rivaux à droite, notamment Édouard Philippe, déjà en campagne, qui promet référendums et ordonnances pour « réformer la France à la hussarde ».

François Bayrou, lui, campe dans un entre-deux permanent, ce flou stratégique où il n’est ni chef de parti (le MoDem peine à le suivre), ni chef de gouvernement effectif (l’Élysée ayant repris la main), ni candidat. Et pourtant, il continue à occuper l’espace médiatique. Une forme de présence politique sans substance ni horizon clair.

Renoncer à l’Élysée, ou se mettre en réserve pour mieux rebondir ?

Ce n’est pas la première fois que François Bayrou annonce un retrait de la présidentielle. Il l’a déjà fait en 2012, en 2017, et chaque fois, il est revenu. Cette nouvelle déclaration ressemble à une mise en réserve de la République — une manière de rester dans le jeu, tout en évitant les coups.

Mais le contexte de 2025 n’est plus celui des années précédentes. La recomposition du centre, la montée des populismes, la polarisation du débat, et surtout le rejet de l’inaction, rendent la position de Bayrou de plus en plus fragile. À force de ne pas choisir, il pourrait bien finir par être choisi pour partir.

En résumé

Le renoncement de François Bayrou à l’Élysée n’est pas anodin. Il marque peut-être la fin d’un cycle politique, celui d’un homme qui, pendant 20 ans, a cru que la modération et la réflexion suffiraient à faire politique. Or, dans un moment de bascule, ni l’un ni l’autre ne suffisent. La question n’est plus de savoir s’il renonce à l’Élysée, mais s’il a encore une place dans le paysage politique de demain.

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