Macron veut une Europe mieux armée : un budget militaire doublé et des milliards en plus ?

Dans un monde où la diplomatie semble être devenue une activité de second plan, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait doubler son budget de défense d’ici la fin des lois de programmation militaire. Mais attention, pas question de financer des statues commémoratives ou des bataillons de clairons : l’heure est aux armes, aux financements massifs et aux ajustements comptables bien sentis.

Le président français appelle aussi ses partenaires européens à revoir leurs priorités budgétaires et à réformer la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Objectif ? Rendre le secteur de l’armement plus bankable en contournant certaines contraintes environnementales. Après tout, entre un drone furtif et une éolienne, il faut savoir choisir ce qui garantit réellement la souveraineté du continent…

BREAKING: France will DOUBLE its defense budget, Macron says. pic.twitter.com/gjxcWj4fys

— Clash Report (@clashreport) February 3, 2025

Un budget militaire à la hausse, une Europe à la traîne ?

La France a décidé de passer de 32 milliards d’euros en 2017 à 43,9 milliards en 2023, avec un objectif de 69 milliards d’euros en 2030 (Source : defense.gouv – Budget militaire France). Une belle dynamique qui devrait inciter ses voisins européens à s’y mettre aussi.

Mais problème : les partenaires de l’UE ont des priorités légèrement différentes. En dépit des injonctions de l’OTAN, seuls 11 des 31 États membres atteignent les fameux 2 % du PIB consacrés aux dépenses militaires (source : Otan – Dépenses militaires OTAN) Certains, naïvement optimistes, continuent d’investir dans des secteurs moins explosifs comme la santé ou l’éducation.

Si l’Allemagne a annoncé un fonds exceptionnel de 100 milliards d’euros pour sa défense, d’autres États restent frileux à l’idée d’augmenter leurs budgets militaires alors que leurs citoyens, bizarrement, semblent plus préoccupés par l’inflation que par l’achat de missiles air-sol.

Financements européens : débrider la BEI et sortir de la taxonomie verte ?

Macron ne veut pas que cet effort repose uniquement sur les budgets nationaux. Il plaide donc pour une réforme des règles de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Cette institution, historiquement tournée vers la transition énergétique et l’innovation technologique, devra peut-être bientôt apprendre à conjuguer “développement durable” avec “missiles hypersoniques”.

🔹 Problème : la taxonomie verte. Ce charmant mécanisme empêche de classer les dépenses militaires comme “durables”. Une aberration selon certains, qui estiment que la paix ne peut être garantie que par une armée bien équipée. L’idée de Macron ? Faire en sorte que la défense soit reconnue comme un “investissement stratégique” au même titre que la cybersécurité ou l’intelligence artificielle.

Une manière élégante de réconcilier les pacifistes avec les marchands d’armes : qu’on se rassure, les canons seront écologiques.

➡️ Plus de détails sur cette réforme ici : Réforme de la Banque Européenne d’Investissement (Euractiv)

Mais au fait… la France va financer tout ça comment ?

C’est là que ça devient intéressant. Avec un déficit public de 5,5 % du PIB en 2023 et une dette publique qui flirte avec 3 100 milliards d’euros (source : INSEE Déficit public France 2023), la France n’est pas exactement en position de signer des chèques en blanc. Pourtant, alors que Bercy cherche des milliards d’économies pour 2025, le budget militaire va exploser, atteignant 50,5 milliards d’euros en 2025, soit une hausse de 3 % par rapport à 2024. (source : navalnews.com)

Solutions sur la table ?

• Un recours accru à la dette → Après tout, quand on est déjà à 3 100 milliards d’endettement, quelques dizaines de milliards de plus, ça passe… (source : INSEE Dette publique France). L’important, c’est d’avoir de belles promesses, non ?
• Des coupes ailleurs → Pourquoi ne pas réajuster discrètement certaines dépenses sociales ou ralentir quelques réformes jugées « moins prioritaires » ? Après tout, une économie bien armée est une économie… bien défendue !
• Une hausse des recettes… sans dire impôts → Officiellement, pas de nouvelles taxes. Officieusement, avec quelques « ajustements budgétaires », il se pourrait que certaines fiches de paie réservent de mauvaises surprises.

💰 Autrement dit, la défense européenne, c’est peut-être pour demain… mais l’addition, c’est pour tout de suite.

Les secteurs clés de la défense européenne : un appel à l’unité

Macron insiste sur la nécessité d’une Europe stratégiquement autonome et identifie trois axes majeurs :

✔ L’industrie des semi-conducteurs : parce que sans puces électroniques, même le plus moderne des chars de combat ressemble à une tondeuse à gazon
✔ Les nouvelles technologies militaires : intelligence artificielle, cybersécurité, drones de combat (de quoi rassurer les amateurs de science-fiction dystopique)
✔ La production de munitions et d’équipements : pour que l’Europe arrête d’importer massivement ses armements des États-Unis

➡️ Le Fonds européen de défense est censé accélérer cette transition (source : Europe – Fonds européen de défense), encore faut-il que tous les États membres jouent le jeu.

Vers une Europe militaro-industrielle ?

Si Macron obtient gain de cause, la BEI pourrait injecter des milliards d’euros dans l’industrie de la défense, avec des financements facilités et des priorités budgétaires remaniées. Une bonne nouvelle pour certains, un cauchemar pour d’autres qui rêvaient encore d’une Europe pacifiste.

En attendant, la France multiplie les contrats d’armement et espère que Bruxelles emboîtera le pas. Reste à voir si ses partenaires accepteront de suivre cette vision… ou s’ils maintiendront leurs priorités budgétaires actuelles.