Depuis 2022, Emmanuel Macron a déjà nommé cinq Premiers ministres. C’est un chiffre exceptionnel sous la Ve République, où les présidents se contentent en général de deux ou trois chefs de gouvernement sur tout un mandat. Cette succession rapide traduit une instabilité inhabituelle au sommet de l’exécutif et pose la question de la continuité de l’action politique.
Une instabilité rare sous la Ve République
La Ve République (instaurée en 1958) a été pensée pour donner de la stabilité à l’exécutif. Or, depuis le second mandat d’Emmanuel Macron, on observe l’inverse : des remaniements en série qui affaiblissent la fonction de Premier ministre. Entre démissions forcées, votes de confiance ratés et crises politiques, Matignon est devenu un siège éjectable.
Comparer aide à comprendre : Nicolas Sarkozy a eu deux Premiers ministres en cinq ans, François Hollande également. Macron, lui, en est déjà à cinq en trois ans. Un record qui nourrit l’idée d’un pouvoir instable.
Les conséquences politiques : perte d’autorité et confusion
Chaque départ fragilise un peu plus l’autorité du président. À force de brûler ses « fusibles », Emmanuel Macron donne l’impression d’un chef d’État qui cherche désespérément une formule gagnante sans jamais la trouver.
- Au sein de la majorité : cela crée des tensions et des rivalités, chacun espérant être le prochain sur la liste.
- Dans l’opinion publique : les Français, déjà méfiants, voient un exécutif désuni et peinent à croire à la continuité de l’action gouvernementale.
- Face aux oppositions : les partis adverses s’en régalent, dénonçant une instabilité permanente qui affaiblit la parole présidentielle.
La stratégie Macron : gouverner par défaut
Emmanuel Macron justifie souvent ces changements par le besoin de « renouveler » et « adapter » son équipe. En réalité, cela ressemble davantage à une gestion par défaut : dès qu’un Premier ministre devient encombrant ou impopulaire, il est remplacé.
Mais ce jeu a ses limites. Car à force de changer de têtes, l’exécutif finit par donner un signal clair aux Français : s’il faut changer si souvent de Premier ministre, c’est que rien ne fonctionne vraiment. C’est cet « aveu » implicite : un aveu d’impuissance face à une situation politique et sociale qui échappe au contrôle de l’Élysée.
Une Macronie fragilisée à l’approche de 2027
Cette instabilité n’est pas anodine. À deux ans de la présidentielle, le doute s’installe : comment un pouvoir qui peine à stabiliser son propre gouvernement pourrait préparer sereinement l’avenir ? Les ambitions personnelles s’aiguisent, les alliances se fissurent, et les électeurs voient se profiler une fin de règne chaotique.
Conclusion
Cinq Premiers ministres depuis 2022 : jamais la Macronie n’avait paru aussi instable. Entre stratégie du fusible, perte de crédibilité et climat de défiance, Emmanuel Macron joue une partie à haut risque. Reste à savoir si le prochain chef du gouvernement saura incarner une ligne claire… ou s’il ne sera qu’un nom de plus sur la longue liste des Premiers ministres sacrifiés.
FAQ
Qui est Sébastien Lecornu ?
Un ancien LR rallié à Macron en 2017, ministre des Armées, discret mais fidèle.
Pourquoi Macron l’a choisi ?
Pour sa loyauté et sa capacité à ne pas faire d’ombre au président.
Quel impact pour le 10 septembre ?
Sur le plan pratique, aucun. Mais symboliquement, nommer un ministre des Armées à Matignon à la veille d’une mobilisation sociale risque d’attiser les colères.
Les Français soutiennent-ils ce choix ?
Non. Les priorités sont sociales et économiques, pas sécuritaires.