Sébastien Lecornu, né le 11 juin 1986 à Eaubonne (Val-d’Oise), est l’un de ces profils politiques qu’on dit « discrets mais efficaces ». Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, il a gravi les échelons à une vitesse éclair, jusqu’à devenir en septembre 2025 Premier ministre de la France. Portrait d’un homme qui a fait de la loyauté sa carte maîtresse.

Les débuts : un gaulliste précoce

Issu d’une famille modeste, il adhère très jeune à l’UMP (devenue plus tard Les Républicains). À 19 ans, il est déjà dans les réseaux proches de Dominique de Villepin. Ambitieux, il s’impose rapidement comme un militant brillant et stratège.

En 2014, il devient maire de Vernon (Eure), à seulement 27 ans, ce qui lui vaut le titre flatteur de plus jeune maire d’une ville de plus de 20 000 habitants.

La percée ministérielle

En 2015, il est élu conseiller départemental de l’Eure et, dans la foulée, président du conseil départemental. Une trajectoire fulgurante qui attire l’attention des ténors de la droite.

En 2017, après l’élection d’Emmanuel Macron, il franchit le Rubicon : il rallie la majorité présidentielle. Résultat : il est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire (Nicolas Hulot).

Il s’occupe notamment des dossiers de l’énergie et des territoires ruraux. Une fonction qui lui permet de se positionner comme « monsieur consensus », toujours en soutien, rarement en première ligne.

Fidèle de Macron, portefeuille après portefeuille

• 2018 – 2020 : Ministre auprès de Jacqueline Gourault, chargé des Collectivités territoriales.
• 2020 – 2022 : Ministre des Outre-mer, poste sensible où il gère la crise sociale en Guadeloupe et en Martinique.
• 2022 – 2025 : Ministre des Armées, dans le contexte brûlant de la guerre en Ukraine. Il se montre alors comme un relais discipliné des priorités de l’Élysée : fermeté et alignement sur les choix stratégiques de Macron.

En parallèle, il siège au Sénat, où il rejoint le Groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI), le groupe macroniste de la Haute Assemblée. C’est là qu’il consolide son rôle de relais politique de l’exécutif, sans jamais contester la ligne présidentielle

Premier ministre : la consécration du loyalisme

En septembre 2025, Emmanuel Macron le nomme Premier ministre. Une promotion qui doit autant à ses compétences techniques qu’à sa réputation de loyal serviteur. Lecornu, contrairement à d’autres figures de la Macronie, n’a jamais cherché à exister en dehors de l’ombre présidentielle.
Mais ce choix arrive dans un contexte explosif : à quelques heure du mouvement social du 10 septembre, « Bloquons tout », il incarne davantage l’autorité et la continuité que l’ouverture au dialogue.

Style et réputation

Sébastien Lecornu n’est pas un tribun. Il est plutôt un homme de dossiers, apprécié pour sa maîtrise technique et sa prudence politique. Ses détracteurs lui reprochent toutefois son opportunisme : ancien LR devenu macroniste convaincu, il illustre parfaitement cette génération d’élus prêts à changer de camp pour rester au cœur du pouvoir.

En résumé

De la mairie de Vernon à Matignon, Sébastien Lecornu a tracé une trajectoire sans faute, guidée par deux principes simples : loyauté et pragmatisme. Un parcours qui en fait aujourd’hui le visage de la Macronie… et peut-être aussi son futur fusible.